Réinventons l’Agriculture

L’agriculture est en crise actuellement. Les producteurs céréaliers’en sortent mieux que les éleveurs et producteurs de lait. Au lieu de demander plus de régulation des marchés, ils veulent diminuer ou abolir la réglementation environnementale.

Des chercheurs ont imaginé comment il était possible de répondre à cette crise, tout en restant dans une démarche de protection de l’environnement et de transition écologique qui nous est imposé à l’horizon de 2050.

Il va être question de flux de matière, pour mettre les chiffres sur un même pieds d’égalités entre la production végétale et le besoin en protéine des hommes.

Répartition agricole française


céréale : centre parisien vers exportation (80%)
élevage : ouest (production de protéines animales bas de gamme avec renfort soja de Amérique du Sud.)
est et sud : poly culture.

La ration protéine est de 60g/jour contenu dans environ 22000kcal/pers.jour. Soit 200 kg équivalent céréale par pers.an ou 3.6 kg Azote par an et par personne

Nous retrouvons dans les céréales et les légumineuses ces protéines. Bien de les mélanger pour avoir l’ensemble des protéines car elles ne sont pas toutes présentent dans l’une ou l’autres des groupes végétaux. Les animaux permettent de récupérer l’ensemble de ces protéines.

Chaque habitant consomme 2 fois plus que la quantité prescrite pas les nutritionnistes. (idem que la proportion France / Monde).

Depuis les années 50, il y a eu un accroissement de 40 à 60% de la part de protéine animale et une diminution de la part des céréales. Le tout avec une nette augmentation de l’obésité.

Comment on en est arrivé là ?

L’agriculture c’est extraire de la protéine du sol et ensuite la restitution dans le sol avec la même quantité.

Avant : on laissait faire la forêt. Le co2 est capté par les feuilles et les azotes par les racines dans le sol profond). La restitution se faisait par les feuilles.

En rasant la forêt, il est possible d’avoir un bon rendement sur 2-3 ans, car les céréales ne peuvent pas récupérer de l’azote car les racines pas assez profonde utilisait le compost des feuilles des arbres.

Une autre façon de restitution : les crues.

En Europe : la restitution se faisait par l’élevage.


Le bétail était dans les landes et la forêt le jour. La nuit il défèque dans la prairie. Et ainsi l’année suivante, on peut cultiver 1-2 ans sur cette prairie. Cela nécessitait un besoin de jachères. La capacité d’exportation de ce système correspondait à environ 120kg d’Azote/km²/an.
1300 : 6 personnes s’y nourrissent et peuvent en vendre une partie.

au 19è siècle : la culture de luzerne est mise à la place de la jachère et sert à nourri le bétail à l’étable et déjection ensuite utilisés comme engrais. Cela à favorisé l’accroissement du nombre de bétail et l’augmentation rendement céréalière. La capacité d’exportation est devenu plus importante (700kgN/km²/an). C’est le système qui permettait de nourrir Paris en 1900. Les bovins étaient utilisé comme énergie mécanique pour les moissons et le transport.

Tout bascule à l’aube du 20è. Invention du procédé de Fritz Haber (utilisation de l’Azote atmosphérique pour en faire des engrais).
Depuis 1980, le flux annuel de fixation de l’azote réactif par l’homme dépasse celui réalisé par les processus naturels à l’échelle globale. Donc on a un appauvrissement de l’Azote dans l’air.

Changement du paradigme de l’agriculture

Céréaliculture n’a plus besoin de bovin. Elle devient purement chimique.

Le bassin parisien est devenu fort exportateur par rapport à la part de fourniture de la nourriture de la population parisienne.
Mais besoin de manger de la viande et plus de viande aussi (environ 70kg/pers.an). Il a donc fallu faire appel à d’autres région qui font appel à l’import de sojà d’Amérique du Sud pour nourrir ses animaux.

Tout cela fait des pertes considérables d’Azote .

Perte d’azote par utilisation massive d’engrais.
Le surplus est la somme des pollutions et correspond à la différence entre ce que l’on ajoute (la fertilisation) et ce qui en ressort (le contenu azoté des plantes récoltés).

Il existe une relation entre le Rendement et la fertilisation totale : plus on fertilise, plus le surplus est important.

Exemple suite chiffre FAO :
USA : une meilleur efficience de l’utilisation des engrais suite à contrainte environnementale.
France et Europe : aussi cette inflexion dans les années 80, avec un retour même du rendement avec moins de fertilisation.

Exemple de la diminution du surplus du bassin parisien, qui est une bonne nouvelle.


Augmentation jusqu’en 1970 = Plus d’intensification avec plus de rendement avec plus d’intrant.

  • Lié à la Libéralisation commerciale et financière.
  • Lié à la transformation des coopérative agricole,
  • Lié au développement et l’internationalisation de la grande distribution.

Le retour en arrière à partir de 1970 :

  • réglementation environnementale,
  • le développement de pratique alternative (bio),
  • recherche citoyenne d’une maîtrise de l’alimentation (AMAP, …),
  • politique local, (restauration collective, producteurs marché locaux, …)

Mais cela génère toutefois toujours de la pollution trop importante (diminution de moitié) et il ne reste pas de temps à attendre.

Reconnecter l’agriculture à l’élevage

L’agriculture raisonnée préconise un équilibre de la fertilisation. Ces prescriptions de fertilisation équilibrée sont effectivement bien appliquées. Mais elles ne garantissent pas un surplus nul.
Donc elles restent insuffisantes par rapport aux exigences des normes de potabilité des eaux souterraines (encore 2x trop d’azote dans l’eau, environ 400mm/an au lieu de 250mm/an concentration d’Azote)
Avec ce type d’agriculture, il n’est pas possible d’aller beaucoup plus loin. Il faut un changement radical de pratique agricole. Et cela passe par peu d’engrais de synthèse et de pesticides.

La culture agricole Bio avec des rotation longue et diversifié pour arrêter les maladies est une solution. Exemple de rotation nécessaire :

  • 3 ans de luzernes (fixe azotes)
  • 2 ans de céréales (blé et triticale)
  • 1 an de légumineuses pour nourriture humaine (lentilles / féverole)
  • 2 années céréales (blé et triticale).

Le rendement est égal voire limite supérieur à ce qui est de l’agriculture chimique. Une part importante du rendement est sous forme de produit fourrager. Riche en azote que seul le bétail est capable de transformer.
La potabilité de l’eau est redevenu en dessous de la norme ( environ 150mm/an au lieu de 250mm/an concentration d’Azote par rapport à la norme de potabilité de l’eau).

Exemple région du Brie

En 1950 / aujourd’hui : Beaucoup plus d’import, plus d’exportation mais plus de surplus (pollution hydrique)

aujourd’hui chimique / aujourd’hui bio : pratiquement autant d’export, sans import engrais, mais forte proportion d’utilisation de la luzerne et moins de surplus.

On n’est pas au retour des années 50, plus technique.

Est-ce que cet exemple peut être mis à l’échelle de la France ?

Il faut imaginer un système avec une diminution du gaspillage, de diminution des portions alimentaire et une réduction des protéines animales (revenir à ce que l’on mangeait dans les années 50 soit 15kg de viande par personnes et par an)

Pour ce faire, une redistribution du cheptel est nécessaire et retrouver une auto-suffisance de chaque région. Seul le bassin parisien a besoin d’importation du reste de la France vu sa forte population.

Il a été calculé beaucoup moins de surplus, cad de pollution. (5 fois moins) et les importations de la France sont toujours possible néanmoins.

Source : Réinventer l’agriculture et l’alimentation du XXIe siècle ? – Gilles Billen, biogéochimiste, Professeur à l’Université Pierre et Marie Curie.